
Comme ils avaient peur,
Peur de l’inconnu,
Peur de vivre,
Peur de penser par eux-mêmes,
Peur de se poser même des questions,
Ils ont préféré couper.
Comme ils avaient peur,
Peur de l’inconnu,
Peur de vivre,
Peur de penser par eux-mêmes,
Peur de se poser même des questions,
Ils ont préféré couper.
Le lendemain, dés le réveil, nous sommes partis explorer la région. Le soleil n’étant pas encore trop chaud, nous avons grimpé les collines autour du village, pour en admirer le paysage et découvrir la mer pas très loin. « Demain, nous irons nous baigner. » Les pierres sèches me rappellent les Causses et la Corse, le parfum du maquis en moins. La végétation m’est assez inconnue sans être complètement surprenante.
« À l’heure de la Covid
Du confinement
Puis du déconfinement
Des masques, des peurs
Des chiffres, imposants ou ridicules,
De celles qui en font trop,
De ceux qui n’en font pas assez... »
— Pourquoi dis-tu ça?
— C'était mieux avant..
— Ah non, tu ne vas pas recommencer à nous jouer les conservateurs…
C'est comme le retour du printemps. En avance. On a beau n'être qu'à la mi-janvier, la lumière est là, après des semaines d’absence. Même rasante, sa seule présence est chaleureuse. On ne supporte déjà plus ni ses gants ni son bonnet, restés dans les poches, quand bien même il neigeait ici même deux jours auparavant.
Chez Facebook, pour indiquer la fin d'une séance vidéo, on affiche le dessin d'un pot de pop-corn renversé par terre, un déchet abandonné par un public sale qui fait sous lui.
« Sont-ce ses enfants ? » Difficile à dire au premier coup d’œil, en tout cas ça ne saute pas aux yeux. En a-t-elle ? Oui. L’un d’eux l’embrasse sur la joue et elle en grimace de joie, sans doute surprise, tandis que les deux autres posent devant elle plus sagement.
De retour de Québec en quittant la ville par la route le long du St-Laurent. Lumière d'automne, dernières feuilles déjà brunes, en avance sur Montréal, le St-Laurent étal sur lequel sont posés délicatement le traversier et un tanker vide.
Une lumière froide, hivernale, sur le gris-beige du début de printemps québécois. Gris-poussière, beige des longues graminées qui ont plié tout l'hiver sans rompre sous le lourd manteau multi-couche de neige et de glace.
Texte de 2008
Deux hommes d’affaire à cravate dans un café montréalais ou ailleurs... L’un explique un nouveau projet informatique à l’autre qui sirote son café les épaules basses et l’air très concerné. Les mains du parleur assurent une chorégraphie sans surprise mais pourtant si importante sur une musique dont la monotone monodie appuie sur les grands classiques : « systémique », « maillon », « couche technologique », « application », « Microsoft », « fédéral », « provincial », « mesurable », « vérifiable », « nouveau paradigme », « indépendamment de l’outil », « sécurité », « la compétition »…
Texte de 2008, que je republie aujourd'hui.
Un peu de géographie : à la sortie d'Agen, les paysages vallonnés de champs variés se déroulent jusqu'à Moirax, petit village perché sur une colline et couronné d'un magnifique prieuré où se déroule la cérémonie. Voutes et dallage de pierre, grande nef, les premières notes de violon ou de guitare intimident...
Et puis les retrouvailles. Elles avaient commencé dans le train de Paris qu'empruntaient aussi Thierry et Stéphanie avec leurs deux enfants Guillaume et Chloé la rebelle. Elles se poursuivent au long de la répétition des chants, dans l'ordre d'arrivée sur scène : Marc, qui a eu la bonne idée de me faire apporter mon violon, Aymeric, son fils cadet, accompagné d'un jeune garçon inconnu, qui s'avère être mon filleul Tanguy, méconnaissable avec sa tignasse si peu familiale ! Puis Isabelle, rayonnante en grande tenue et Maëlis qui la suit de près. Michel et Isabelle, très attendus pour débuter les répétitions de chorale, arrivent. « Touen, touen, touen... », deux revenants surgissent : Cyrille et Hélène, en grande allure. Plus tard, Guillaume, chasseur, Étienne et Béatrice au volant de leur panier à salade bleu gendarmerie. Et le héros du jour, Dominique, qui pénètre dans la nef.
Il écrit, il décrit, il écrit, il rapporte, il lance le crayon et le laisse partir au loin, rapporter ce qu’il n’ose pas aller chercher lui-même. Tiens, le voilà parti, le voilà lâché, c’est un état agréable, qui coule, quand le cerveau dicte son rythme à la main ou au clavier...
Écoutant un édito critiquant les éditorialistes critiquant un événement :
— Pfff ! La critique de la critique...
Dans le métro parisien, en pleine campagne électorale présidentielle de mai 2017.
« Bonne nouvelle » annonce le haut parleur qui égraine les nom des stations. Un enfant assez bavard : « Bonne nouvelle de quoi ? »
Cette fois-ci, ça va trop loin...
Le métro part, son fracas s’éloigne, dévoilant le quai d'en face et elle, seule sur ce quai.
Il se lève, ils se font face, séparés par la fosse des rails. Ils se regardent, se sourient, mi-gênés mi-amusés. Ils ne bougent pas. Elle semble attendre. Il attend aussi.
À peine franchie la porte de la gare routière, il replonge dans des souvenirs, retrouve des odeurs, des sons : la voix des annonces de départ ou d'arrivée des autocars. Des départs stressés lui reviennent en mémoire, des arrivées chargées d’émotion, de fatigue, d’envie. Au café il va se commander un mocaccino — encore une odeur du passé — tout en étant surpris de ne pas avoir à se rendre immédiatement après à la porte des départs vespéraux pour Québec ou à celle des petits matins pour Magog.
Les pas sur le tapis ne laissent passer aucun son, étouffés. L’escalier est large, aux degrés de pierre ou de marbre; à chaque contre-marche, une long tube doré, décoré à chaque extrémité d’une pointe d’ornement, force le lourd tapis à épouser au plus près la montée des marches.
— Tu m’avais pas dit qu’elle voulait acheter un nouveau manteau ? »
Lancée d’un trottoir bondé sous un rayon de soleil d’automne et attrapée au vol, la phrase interrogative poursuit son chemin dans ma tête. « Qui peut bien vouloir savoir où en est le projet d’acheter un nouveau manteau par une troisième personne, absente de la conversation, projet qui avait donc été annoncé à l’avance ? » me demandé-je en continuant à marcher.