Croisement dans un monde covidé

C'est comme le retour du printemps. En avance. On a beau n'être qu'à la mi-janvier, la lumière est là, après des semaines d’absence. Même rasante, sa seule présence est chaleureuse. On ne supporte déjà plus ni ses gants ni son bonnet, restés dans les poches, quand bien même il neigeait ici même deux jours auparavant.

Dans les champs, le vert a déjà commencé à reprendre ses droits ; au long des chemins creux, les feuilles de lierre sont restées colorées. Saint-Jacques-le-Majeur pointe dans le décor ; un peu plus haut c'est Sainte-Marie-Madeleine, redevenue blanche, et tous deux ressortent frappés de cette belle lumière d’un ciel sans le moindre nuage désormais.

On ne croise personne dans ces chemins bourguignons. Mais voilà une silhouette humaine qui s’avance. Évidemment on s’arrête, évidemment on sourit, évidemment on échange quelques mots, sur le plaisir de ce temps, de cette lumière, de ce renouveau, mais surtout pour le plaisir de converser avec un autre humain, en direct, sans écran, sans masque, d’entendre une voix, vraie, accueillante comme une conque, comme on entend la mer derrière la dune puis sur la plage, pour s’y poser, s’y lover.

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