Silhouettes sur le fleuve

Une lumière froide, hivernale, sur le gris-beige du début de printemps québécois. Gris-poussière, beige des longues graminées qui ont plié tout l'hiver sans rompre sous le lourd manteau multi-couche de neige et de glace.

Mais il y a le fleuve, étal, fidèle et la silhouette qui le remonte, aperçue du pont Jacques Cartier. Elle me lance, comme un clin d'œil, la dizaine de jours qu'elle vient de passer sur l'Atlantique ou je ne sais où.

Et je revois, depuis le bureau que j'occupais au ministère de l'environnement, l'Île d'Orléans et les cargos qui passaient sous mon nez pendant plusieurs heures chacun, des brumes de l'est jusqu'à couper le traversier de Lévis, en passant par le grand virage au bout de l'île et la traversée des derniers étages de l'hôtel Frontenac.

Passé Longueuil, je l'aperçois à nouveau. L'eau parfaitement lisse de cette journée ensoleillée m'appelle encore et la même silhouette, maintenant de tout son long par le travers me lance un dernier coup de hanche avant que le bus ne quitte le fleuve pour s'enfoncer dans les terres.

Derrière, deux autres silhouettes grises, un peu brumeuses, celles des bâtiments pyramidaux du village olympique de 1976, me font penser à deux cuirassiés, un Bismarck et un Tirpitz venus veiller sur ce cargo remontant tranquillement le Saint-Laurent.

Plus de fleuve jusqu'au pont de Québec. Dommage.

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