Écriture filet

Il écrit, il décrit, il écrit, il rapporte, il lance le crayon et le laisse partir au loin, rapporter ce qu’il n’ose pas aller chercher lui-même. Tiens, le voilà parti, le voilà lâché, c’est un état agréable, qui coule, quand le cerveau dicte son rythme à la main ou au clavier...

Au crayon, au moins, il n’y a pas de correcteur intempestif qu’il faut corriger et les gribouillis peuvent redevenir des mots quelques heures ou quelques semaines plus tard. Alors que le choix du correcteur peut vraiment massacrer l’idée originale.

Le crayon est lâché, il circule dans la salle et revient rapidement rapporter le produit de sa pêche sur le bloc sur lequel la main écrit. Il part ferrer les individus et groupes qui s’y sont attablés. Par exemple ce groupe de trois gars qui n’ont pas l’air de s’intéresser aux deux jeunes filles d’à côté… Gêne? Sexualité alternative? Informaticiens?

Plus proche, il y a cet autre crayon qui écrit aussi sur ce cahier à spirales très sérieusement, juste devant le barman aux gestes obséquieux qui n'arrête pas de renverser glaçons et gouttes de cocktails au ras du carnet. Une autre main qui préfère l’écriture au stylo. « Encore une » comme si je la préférais aussi moi-même. Mais c'est faux. Écrire manuellement me fait mal à la main, me force à ralentir pour trouver un rythme pas trop douloureux et me fait craindre de rater des idées qui, elles, n’ont pas besoin de muscle pour courir…

Elle s’interrompt pour texter sur son portable qui lui donne des lueurs bleues sur le visage…

Parlerons-nous ensuite d’écriture, de nos vies, irons-nous marcher dans les rues de Québec et attendre à plus d’heure un rare taxi ?

Québec, juin 2018

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