De retour de Québec en quittant la ville par la route le long du St-Laurent. Lumière d'automne, dernières feuilles déjà brunes, en avance sur Montréal, le St-Laurent étal sur lequel sont posés délicatement le traversier et un tanker vide.
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Silhouettes sur le fleuve
Une lumière froide, hivernale, sur le gris-beige du début de printemps québécois. Gris-poussière, beige des longues graminées qui ont plié tout l'hiver sans rompre sous le lourd manteau multi-couche de neige et de glace.
Moins de soleil aujourd'hui
Au parc d'Holland l'arpenteur,
Un jour d'été plus en avant,
Même banc, à midi, même heure,
Moins de soleil sur ce banc.
Provocation
– Bonjour, c'est pour une provocation...
– Allez-y.
– …
Les paroles volent et jamais ne se posent
Devant une galerie de photos de béton
Lavées de poussières, marbrées de blanches coulures,
Feux d'artifice de craques, éclairés au néon,
L'ouverture d'une œuvre qui frappe son propre mur.
Du rêve de gamin à celui d'Icare
Texte de 2008
Du rêve de gamin à celui d'Icare;
De l'émerveillement de l'ingénieur devant le plus lourd que l'air au dégoût de l'écologiste devant la délirante dépense énergétique;
Un terrain de jeu pour le géographe amateur, un moment littéralement suspendu entre deux réalités terre-à-terre;
Une envolée, une échappée et un enfermement du corps entre deux accoudoirs mitoyens, le tout multiplié dans un espace exigu;
Une nouvelle aventure et une capture de l'esprit dans un rituel de sécurité et de service;
Une loterie de rencontres, une foire aux microbes...
Rencontres
Jacmel
– Apa li pati!
– Et alors ? De qui parles-tu ?
– Le gars-là, le jakopievèt...
– Hum... pas remarqué.
Et il se resservit. C'est vrai que ce soir-là, c'était pas petite affaire, en tout cas. Les hôtes avaient préparé tout ce qui pouvait les réjouir en matière culinaire : plats typiques ou inconnus, kibi des Syriens, konparèt à la noix de coco, certains servis dans des kalabous, des fruits comme le savoureux chadèk. Et à boire : délicieux boubouy, mabi qui faisait retourner la tête et pour les soulads, on n'avait pas oublié les begas.
Attente à Laval
Noir, blanc, rouge
Noir sur blanc sur noir sur blanc sur noir.
Stroboscopiques
Elles aspirent leurs congénères,
Ces pupilles sur blanc sur mascara sur chair sur chevelure sombre
Stop
Auto-dissolution du pouvoir régalien du Québec
Ce texte a été proposé à La Presse, au Journal de Montréal et au Devoir et n'a suscité aucun intérêt de la part de ces trois journaux.
« Québec suspend ses publicités sur Facebook pour un mois ». « L’initiative vise à faire pression sur l’entreprise américaine pour qu’elle encadre mieux le genre de messages qu’on lui reproche de partager » nous apprend la presse ce vendredi 3 juillet 2020.
Le mandat du gouvernement du Québec, déjà gravement raboté par le Canada, par les pressions des lobbyistes et par le désintérêt électoral croissant de sa population, n'est-il pas pourtant de s'assurer de protéger sa population et de gérer son territoire ?
Crêpes salées
– Qu’est-ce que tu as? Tu en fais une grimace… Tu n’aimes pas? »
– Si, si, c’est juste… un peu salé... »
– Et? T’aimes pas? »
Silence? Moteur!
Silence, attente...
Attente dans le silence.
Et c'est la déception et l'amertume.
Et c'est le dégoût puis la colère...
Buzzwords
Texte de 2008
Deux hommes d’affaire à cravate dans un café montréalais ou ailleurs... L’un explique un nouveau projet informatique à l’autre qui sirote son café les épaules basses et l’air très concerné. Les mains du parleur assurent une chorégraphie sans surprise mais pourtant si importante sur une musique dont la monotone monodie appuie sur les grands classiques : « systémique », « maillon », « couche technologique », « application », « Microsoft », « fédéral », « provincial », « mesurable », « vérifiable », « nouveau paradigme », « indépendamment de l’outil », « sécurité », « la compétition »…
Une épitaphe
Texte de 2008, écrit donc plus de dix ans avant mon infarctus.
Et si j’apprenais que je devais mourir dans quelques mois?
Amusant, l’élagage dans l’allégresse que, semble-t-il, cette idée, encore sans fondement, j’espère, provoquerait dans nos activités : « Désolé les gars, je vais mourir, alors vous comprenez… ».
La place
– Messieurs, je nous ai réunis aujourd’hui pour nous entretenir des moyens d’investir la place que vous savez. Il n’est plus le temps de tergiverser, ni d’évoquer la nécessaire patience de travaux d’approche. L’audace sourit aux audacieux et… euh… la fortune ricane des… velléitaires et des... procrastinateurs!
– Fort bien, fort bien, Monseigneur. Votre farouche volonté est légitime ainsi que votre envie d’en découdre, toute naturelle. Cependant, voyez-vous, il serait bienséant de nous rappeler la mésaventure de la fois précédente, où nous nous brûlâmes…
– Ce sera différent cette fois!
– L’âme, trop ardente encore…
Mariage à Ampelle
Texte de 2008, que je republie aujourd'hui.
Retrouvailles
Un peu de géographie : à la sortie d'Agen, les paysages vallonnés de champs variés se déroulent jusqu'à Moirax, petit village perché sur une colline et couronné d'un magnifique prieuré où se déroule la cérémonie. Voutes et dallage de pierre, grande nef, les premières notes de violon ou de guitare intimident...
Et puis les retrouvailles. Elles avaient commencé dans le train de Paris qu'empruntaient aussi Thierry et Stéphanie avec leurs deux enfants Guillaume et Chloé la rebelle. Elles se poursuivent au long de la répétition des chants, dans l'ordre d'arrivée sur scène : Marc, qui a eu la bonne idée de me faire apporter mon violon, Aymeric, son fils cadet, accompagné d'un jeune garçon inconnu, qui s'avère être mon filleul Tanguy, méconnaissable avec sa tignasse si peu familiale ! Puis Isabelle, rayonnante en grande tenue et Maëlis qui la suit de près. Michel et Isabelle, très attendus pour débuter les répétitions de chorale, arrivent. « Touen, touen, touen... », deux revenants surgissent : Cyrille et Hélène, en grande allure. Plus tard, Guillaume, chasseur, Étienne et Béatrice au volant de leur panier à salade bleu gendarmerie. Et le héros du jour, Dominique, qui pénètre dans la nef.