Auto-dissolution du pouvoir régalien du Québec

Ce texte a été proposé à La Presse, au Journal de Montréal et au Devoir et n'a suscité aucun intérêt de la part de ces trois journaux.

« Québec suspend ses publicités sur Facebook pour un mois ». « L’initiative vise à faire pression sur l’entreprise américaine pour qu’elle encadre mieux le genre de messages qu’on lui reproche de partager » nous apprend la presse ce vendredi 3 juillet 2020.

Le mandat du gouvernement du Québec, déjà gravement raboté par le Canada, par les pressions des lobbyistes et par le désintérêt électoral croissant de sa population, n'est-il pas pourtant de s'assurer de protéger sa population et de gérer son territoire ?

Dans ces objectifs, il a conquis de haute lutte des pouvoirs en les arrachant au Canada ou à Londres. Et dans ce sens, il a toute légitimité pour fixer les lois sur la liberté d’expression et ses limites, par exemple sur l’expression d’idées criminelles comme le racisme. Ça peut certes être difficile, compliqué, toucher à des libertés fondamentales, et en plus se faire dans un monde où la communication numérique et la puissance des plateformes peuvent offrir des échappatoires à des propos haineux ou à une liberté brimée.

Mais au lieu d’exercer ce pouvoir régalien à l’aide des outils démocratiques dont il dispose, comme l’Assemblée nationale, les tribunaux, les médias et le débat démocratique au sein de sa population, il le dissout et s’abaisse à se limiter à « suspendre ses publicités sur Facebook pour un mois ».

Le gouvernement ne gouverne pas, il boude. Il ne forge plus ses lois pour défendre sa population, il « fait pression » — ce sont les propres mots de son communiqué officiel ! — sur une compagnie, étrangère de surcroît, pour qu’elle fixe ses propres règlements, sans contrôle de l’Assemblée nationale, qu’elle les applique, sans contrôle des juges, sur la population du Québec !

Le gouvernement du Québec remet à Facebook ses pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire en menaçant la compagnie étasunienne de ne plus utiliser ses services publicitaires temporairement si elle ne les lui prend pas.

Outre le ridicule de la position, si il y a un ou une juriste dans la salle, peut-on me dire si on approche du fond de la légitimité gouvernementale au profit de plateformes étrangères, non-élues, sans compte à rendre à personne ?

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