— Non, mais une même ambiance, moins angoissante… J’étais dans une forêt, claire, comme une forêt domaniale, et dans la brume lumineuse, au loin, se dessinait un cerf, immobile… Ça m’a fait penser à La dernière harde de Genevoix
— Je ne vois, je vois…
— Tu ne… ? Arrête, tu l’as lu ?
— Oh oui, mais continue ton rêve.
— Oui, je regarde ce cerf au loin, très beau, pendant un petit moment, puis je vois qu’il a le regard attiré sur sa gauche. Je tourne la tête à mon tour et j’entrevois, entre les arbres, passer un cavalier, presque sans bruit, la forêt étant couverte de mousse. Tout semble calme, quasiment surnaturel. Il monte un cheval blanc et avance lentement, se laissant voir progressivement un peu mieux.
— Qui est-ce ?
— C’est là que c’est étrange, mais je sais qui est ce cavalier, que je n’ai pourtant jamais rencontré, et dont je n’avais que peu entendu parler… C’est, en fait, le Grand Monarque.
— Le Grand qui ?
— Le Grand Monarque.
— Le papillon ?
— Non, non, il portait une cape sombre bordée d’or, il avait un visage noble, calme, presque irréel…
— Connais pas.
— C’est… C’est un personnage mythique, un peu prophétique, lié à des traditions chrétiennes. On en parle dans des récits du Moyen Âge, un peu comme un roi errant ou un roi caché qui viendrait reprendre, réunifier le pays en perdition…
— Aragorn ?
— Si tu veux, mais il paraissait bien d’ici et de maintenant, de notre époque. C’était à la fois en France, mais en même temps dans l’Est de l’Europe…
— Il a dit quelque chose ?
— Non, rien, il est passé devant moi ; il est clair qu’il m’avait vu — j’étais sur la route principale —, mais il a continué son chemin de traverse, caché en partie par les arbres. il portait une épée au côté et un crucifix en or au cou. Quand il est parti, j’ai vu que le cerf avait disparu et je me suis retrouvé tout seul avec cette apparition en tête.
— Joli.
— Oui, plutôt… Comme quelque chose de joyeux, qui remplit le cœur d’espoir…
— C’est toujours ça de pris. Tiens, j’ai fait du café.
— Merci.
— Regarde ce que je vois passer à l’instant : « Une ville du nord-est de la Hongrie a proposé d’accueillir la statue de Jeanne d’Arc, qui doit être déboulonnée à Nice seulement trois mois après son inauguration. »
— Tiens ?
— Il y avait aussi Jeanne d’Arc dans ta forêt ?
— Non, mais j’y vois un lien : Jeanne d’Arc, ou sa statue, qui doit s’exiler à l’est, annonce-t-elle un retour, celui de mon cavalier ?
— Macron est là jusqu’en 27, non ?
— Bof, jusqu’au 27, ce serait beaucoup maintenant, reste à savoir de quel mois.
— Jean-Michel ?
— C’est ça.
Le cavalier dans la brume
— J’ai fait un drôle de rêve… Une ambiance de brumes… Étrange… De la brume partout, comme dans une aurore, mais une brume éclairée par cette aurore montante… Un décor à la Stalker
— Genre Tchernobyl ?