La religion traumatisante comme source d'inspiration [02]

— Fellini, tu connais ?
— Vaguement…
— Figure-toi que j’ai découvert récemment ses films. Ce sont même les derniers films que je suis allé voir au cinéma avant qu’on ne nous impose de nous faire injecter des produits douteux pour y accéder. Et en les voyant, je me posais une question.
— Laquelle ?
Prêtres dans 8½

— Dans ses films on retrouve souvent, entre autres récurrences, des scènes dénonçant la religion catholique, telle que pratiquée encore dans l’Italie de sa jeunesse. Une ambiance morbide, des prêtres ou des religieuses inquiétants, un cadre rigide, angoissant voire traumatisant. C’est toute une imagerie qu’on pourrait aussi associer à la dénonciation du fascisme, s’exerçant en plus sur des enfants, soit en les brimant, soit en leur faisant jouer des scènettes de martyr, comme dans Juliette des esprits.
— Oui, j’ai vu ça. Ça sent le vécu.
— Certainement. On sent bien que le poids de l’église dans l’éducation, individuelle et collective, a été important, d’ailleurs plutôt négatif, et constitue une grande source d’inspiration de ses films. Et Fellini n’a pas été le seul. Il est même assez rare de présenter un film sur le passé dans laquelle l’église catholique n'arbore pas ce genre d’image négative, caricaturale, fruit du ressenti des auteurs et tiré de leurs souvenirs d’enfants qui ont pu en être marqués.
— Et ta question ?

Giulietta Masina dans Juliette des esprits

— J’y viens. Avons-nous le même genre de création cinématographique qui se moque de la pression d'autres religions, par exemple l’Islam ? On connait tous les ravages que cette religion a pu commettre et commet encore dans certaines sociétés éloignées ou chez nous. Comment serait accueilli aujourd’hui un Fellini qui aurait fui l’Iran des Ayatollahs ?
— Tu as des débuts de réponse avec des films sur Kaboul et ses cerfs-volants ou Persepolis de Marjane Satrapi.
— Certes, plus tous ceux que je ne connais pas… Mais l’idée de montrer comme une évidence, comme un décor de fond lugubre ou comme une source négative de trauma, l’Islam sous forme religieuse ou sociétale, dans nos propres sociétés ?
— Tu as une idée de la réponse, j’imagine...
— Je ne peux qu’imaginer qu’on hurlerait à l’islamophobie, le nouveau stigmate pour faire taire. Ou qu’on se presserait à présenter un subtil équilibre entre une face sombre, caricaturée, et une face lumineuse, qui gagnerait à la fin, probablement avec au passage une petite mais lourde leçon de morale diversitaire au spectateur.
— C’est un préjugé ?
— Disons plutôt un pari, mais dont je connaîtrais à l'avance le résultat, même sans avoir effectué de mesure formelle pour le vérifier…
— Bonne question…
— Qu’en pensent nos lecteurs ?

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