— Je te coupe ! Ce n'est pas parce que je ne dénonce pas le mal que je ne le vois pas. En voulant le dénoncer tu ne fais que lui donner une place plus importante qu'il ne mérite.
— Tu veux dire qu'il ne faut pas dénoncer les guerres et les abus de pouvoir ? Les criminels et les violeurs ?!
— Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Et où as-tu entendu tout ça ?
— Aux infos
— Et qu'as-tu fais ?
— Comment ça « qu'est-ce que j'ai fait » ?
— Qu'as-tu fais contre cette guerre si vivement dénoncée ?
— ...
— Ce que tu as fait, je le sais : tu t'es mis en colère. Tu t'es mis à haïr. Ainsi, dénoncer le mal n'a fait qu'apporter plus de mal.
— Et toi qu'as-tu fait pour te permettre de me juger ainsi ?
— Je ne te juge pas, je te montre que je sais voir le mal. Et un mal encore plus insidieux que celui que tu dénonces.
— D'accord. Mais qu'as-tu fait ?
— J'aime.
— C'est un peu vague...
— J'aime mon voisin même s'il ne me dit pas bonjour. J'aime la pluie et le petit escargot qui mange mon potager.
— Ha ha ha ! Et tu veux résoudre des guerres avec ça ?
— Tu sais, c'est en aimant que l'on prête attention, en prêtant attention que l'on voit, en voyant que l'on s'interroge, en s'interrogeant que l'on comprend, en comprenant que l'on prend soin. Et prendre soin, c'est l'action d'aimer. Tu vois, aimer pousse naturellement à l'action.
— La haine aussi !
— Mais l'un t'enferme sur toi et te pousse à détruire alors que l'autre t'ouvre au monde et te pousse à construire.
— Vas dire ça à Poutine...
— Je n'ai pas son numéro mais je lui dirais si j'en ai l'occasion ; encore faut-il qu'il entende. Tu sais, si nous sommes amis c'est parce que je t'aime toi aussi.
— Pfff ! J'ai vraiment l'impression que tu vis dans le monde des bisounours. (Au serveur) L'addition s'il vous plaît !
— Allez, c'est moi qui t'invite !
Petit Époux