Continuité ou déchéance dans la nuit

C’est la nuit et avec d’autres volontaires de l’orchestre, nous pénétrons dans l’enceinte du monastère. Je demande à une musicienne qui est plus habituée du lieu que moi : Notre Dame.

— Si un moine est prêtre, est-ce qu’on doit l’appeler mon père, mon frère, mon beau-père ?

Poliment amusée, elle ne répond pas. Nous voilà plusieurs qui discutons à voix basse de différents sujets et même d’œnologie, avec plus ou moins de compétences. Puisqu’on est dans un cadre religieux, il nous semble qu’on doive échanger sérieusement et nous discutons hiérarchie, celle des choses et celle des êtres.

— Regarde Jeanne d’Arc, poutre maîtresse de l’Histoire de France, elle a été brûlée. Aujourd’hui ce sont les poutres maîtresses de Notre-Dame de Paris qu’on a vu s’envoler en fumée.
— Et si ce sont les métiers comme le charpentier, le maçon, qui ont su la reconstruire, il semble que ce soit plutôt des francs-maçons qui en assurent la livraison finale.
— Macron n’a-t-il pas rendu la cathédrale au culte ?
— Comment l’écris-tu, en un ou deux mots ?
— En effet, bien vu. Continuité ou déchéance ?
— L’une cache l’autre. Le joueur de flûte attaque le sacré, l’idiot ne voit que le plâtre frais.
— Tout n’est que détails dans l’éternel recommencement et son renversement : regarde Charles Martel qui a arrêté les Arabo-Musulmans en 732 ; ils viennent désormais en 747, pleins.
— Bon, allons nous coucher, il est tard.
— Couchés, nous le sommes déjà. Tard ? Non, ce n’est que janvier…

Le silence retombe sur ce monastère, fondé un peu après la chute de l’Empire romain d’Occident, déjà à l’époque.

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