Dans le monde du cinéma, il y a bien une transformation, une exagération, même, car il faut que tout tienne dans un certain format, sur un écran en deux dimensions, et dans un temps limité, que tout passe à travers nos yeux et nos oreilles, que tout (ou une bonne partie) passe le filtre de notre capacité limitée d’attention et de compréhension. Ce sont des contraintes fondamentales.
On s’assoit, on respire, on s’échappe du quotidien, on se rend disponible, les yeux, les oreilles, l’esprit et le cœur grand ouverts. On a même payé pour cela. On a donc envie d’en avoir pour son argent, pour le temps qu’on y consacre, qu’on y investit.
Ce sont donc toutes ces contraintes qui conduisent à une certaine exagération, à une certaine caricature. Et au-delà de ça, « c’est du cinéma ».
N’y a-t-il pas alors dans la création, un jusqu’au-boutisme, une nécessité de dépassement ? Ça n’est pas simplement pour le cinéma, c’est valable pour toute création.
Ce soir, c’est Ingrid Jonker qui nous le montre. Est-elle une caricature, ou est-ce que créer, c’est nécessairement dépasser sa condition, éventuellement jusqu’à la mort ? Et dans ce cas, jusqu’où le spectateur a-t-il encore envie d'y ressembler ?
Réflexions d’août 2011.