— La mort ?
— Oui, la mort. Le wokisme est la mort.
— Tu n’exagères pas un peu ?
— C’est ma réponse courte, je peux développer.
— Vas-y.
— La mort est le moyeu, l’axe autour duquel tourne le wokisme, comme une tornade qui détruit tout sur son passage. Quand tu es sous la tornade, tu reçois une claque de vent et de pluie qui vient d’une direction. Et puis, à un autre point du territoire, c’est d’une autre direction que vient la calamité, parfois sans pluie, parfois avec la foudre. Mais les météorologues savent prendre du recul et nous montrer des images globales du maelström qui tourne sur lui-même. Le wokisme me semble emprunter à cette image.
— Je vois l’image.
— Le wokisme, c'est ainsi la mort de pans entiers de nos sociétés, qui se voient gangrenée comme par un cancer.
— Mais tout n’est pas pourtant pas à conserver.
— Certes, mais le wokisme ne se place pas en juge subtil, pesant finement au trébuchet ce qui pourrait l'être et ce qui devrait être remplacé, loin de là. Le wokisme c’est la mort même de la notion de discernement ; le verdict mortifère l’emporte, sans même besoin de défense construite, voire sans nécessité d’accusation formelle, ce qui est un recul sociétal de plusieurs siècles, remontant à avant l’habeas corpus que nous avaient apporté les Anglais.
— Ça fait beaucoup.
— On replonge parfois moins loin, en retrouvant les pratiques des Gardes rouges maoïstes, des Bolcheviks, de la Terreur révolutionnaire… Le wokisme, c’est aussi la mort du progrès comme constitutif du progressisme politique. Dans le débat gauche-droite traditionnel de ces deux derniers siècles, la gauche a souvent pris le flambeau de la proposition, de la nouveauté, mais souvent dans un but et avec un effet bénéfique pour le corps social ou au moins pour les plus faibles ou les plus pauvres de la société. Cette époque est révolue. L’idéologie woke, notamment dans sa destruction des rapports entre les hommes et les femmes, entre les individus et les identités qu’ils peuvent endosser, n’apporte aucun avantage à notre société : ni bonheur collectif, ni apaisement, ni guérison de plaies psychologiques...
— Tu n’y vas pas avec le dos de la main morte…
— Non, le wokisme c’est même la mort de la biologie, celle notamment qui nous a fait savoir que les mammifères et de nombreuses autres espèces se divisent — et se construisent — en deux sexes. Aujourd’hui, le délire woke, sans preuve, et sans rire, nous assène que cette binarité est restrictive, voire fasciste.
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— Théorie contre théorie ?
— Niaiserie malade contre réalité vérifiée, oui ! Le wokisme, c’est aussi la mort de la rigueur intellectuelle, à travers le délire dit « anti-colonial ». « 2 + 2 = 4 » devient une expression de « suprématie blanche » tout comme la science, la rigueur intellectuelle, la ponctualité...
— T’es sûr ?
— Oui, j’ai connu ça au Canada il y a quelques années. Des organismes tout à fait officiels expliquaient que les non-Blancs — concept fumeux et raciste — ne devaient pas être soumis à des exigences comme rendre des travaux à l’heure, la ponctualité ou la rigueur dans les réponses…
— Wow…
— Oui, le wokisme, c’est aussi le racisme et le sexisme : soit « anti-Blanc », anti-mâle, pour lequel il s’est bâti une définition de non-existence, car les Blancs étant par essence mauvais, ils ne peuvent pas en être victimes — ce qui est justement une bonne définition du racisme en général —, soit en rabaissant les capacité des dits « non-Blancs » en les victimisant et en les traitant comme des gens inférieurs incapables de s’adapter aux mêmes exigences objectives que les dits « Blancs ».
— Le portrait est au vitriol.
— Certes, mais je le pense juste. Tiens, un autre exemple : le wokisme, c’est la mort de la logique. Demande à un woke sa définition d’une femme. Après une hésitation, il te reprochera d’être obsédé par les questions de « genre », puis par le fait que « en tant que » ceci ou cela, tu ne peux pas poser la question et si tu insistes tout de même, poliment, et qu’il ne s’enfuit pas en te traitant de fasciste, il te répondra qu’il y a de multiples genres — ça n'est pourtant pas la question — et qu’une femme est quelqu’un qui s’identifie comme… femme.
— Ce genre de définition circulaire, ça fait pas des axiomes bien solides pour construire quoique ce soit.
— En passant, c’est non seulement un grand vide conceptuel, mais un vide qui nie... la moitié de l’humanité : les femmes, en refusant qu’il y en ait une définition réelle. J’attends toujours que les associations féministes rentrent dans la conversation…
— En effet, elles sont bien silencieuses sur ce coup-là. Mais ça reste des mots, rien de grave…
— Tu trouves ? Si j’étais une femme, je ne suis pas sûr que j’apprécierais que les mots n’existent plus pour dire qui je suis, ni ce que je partage avec toutes mes sœurs passées, présentes et futures. Et ça a un impact assez délirant, c’est celui de faire disparaître les compétitions sportives féminines, les prisons pour femmes, les toilettes pour femmes…
— Comment ça ? Tout ceci existe toujours. Là, tu exagères.
— Mais en y acceptant des individus autres que des femmes biologiques — grâce à la négation de leur définition…
— C’est juste plus inclusif…
— Ha ha ! Tu zinclus un homme sportif trans médiocre mais qui a fait sa croissance hormonale, dans les compétitions féminines et il devient mécaniquement premier et ruine des décennies d’effort et tout espoir pour les femmes de gagner. Il y a des sports où celles qui n’abandonnent pas leur carrière resteront toujours dernières et d’autres, comme la boxe, où en plus de perdre leur classement et leur espoir, elles gagneront un traumatisme crânien. Je te laisse extrapoler au cas des victimes de prédateurs sexuels dans les toilettes ou en prison…
— En effet, le silence des féministes est assez inquiétant...
— Je ne me l'explique pas non plus, sauf par contrôle idéologique. Les femmes existent et c’est une évidence. Il faut être assez malade ou animé d’une sacrée misogynie pour les nier comme cela.
— C’est vrai que c’est compliqué, maintenant, avec les chirurgies, les traitements hormonaux, les changements d’organes, on est un peu perdu…
— Vraiment ? Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi... Qu’y a-t-il de compliqué à définir une femme ?…
— Ça dépend de tel ou tel organe, non ?
— Aïe, la gangrène woke est encore plus étendue que je ne le craignais. Une femme, ça reste pourtant très simple à définir, nous en connaissons chacun de nombreuses et la moitié d’entre nous en est, et ça depuis des centaines de milliers d’années. Une femme, c’est la femelle adulte de l’espèce humaine. Point.
— …
— Bon. J’étais parti pour parler de l’après wokisme et on a trop parlé de ce qu’était le wokisme.
— C’était utile quand même.
— Merci, on parlera de l’après la prochaine fois.
Wokisme, et après (I)
— De toute manière, tout le monde a sa propre définition du wokisme…
— Oui, et ce qui est « amusant » c’est que ceux qui propagent cette idéologie — et qui ont initialement forgé et revendiqué le mot woke, prétentieusement éveillé — aiment à se positionner en victimes de l’estrèmedroite quand on les confronte, voire quand on se moque d’eux.
— Et la victimisation, ça, c'est cool. Rien de mieux aujourd’hui que de pouvoir brandir son statut de victime et s’y vautrer avec complaisance…
— Et toi, quelle serait ta définition ?
— La mort.
1 De ROY François -
Chacun peut avoir sa propre définition selon ses origines.
En France le mot fraternité est encore gravé sur le fronton des mairies mais a tendance à s'effacer de l'action collective.