On m’a vue à Gênes,
Avant l’Italie,
Mais je n’en suis pas nécessairement originaire.
Des Byzantins venus nous protéger des pirates
De l’autre côté de la Méditerranée ont sans doute commencé cette histoire
Il y a longtemps,
Du temps des Byzantins,
Du temps de leurs processions,
Il y a plus de treize siècles.
Déjà.
J’ai connu alors mes premières heures de gloire.
Ma seule présence chassait l’ennemi, dispersait le danger, annonçait le succès
Sur des mers dangereuses.
Richard Cœur de Lion lui-même m’a fait demander
Pour l’emporter aux croisades qui lui furent si funestes,
Et m’a fait régner sur d’autres mers.
J’étais Gênes,
J’étais là où Gênes était, comme à Vintimille, à Savone...
Mais déjà je débordais.
J’étais avec les Normands reconquérant la Sicile.
J’étais avec l’Aragon à Alcoraz en 1096 dans sa Reconquista,
Où je règne toujours sur les provinces d'Huesca, Saragosse et Teruel.
Et même à Barcelone.
J’ai retraversé l’Empire Byzantin lors de la première croisade en 1097
Je vainquais à Antioche,
Je flamboyais aux croisades.
Dés le XIIIe siècle, j’étais anglaise
Avec Édouard Ier
Contre la Pays de Galles,
Contre l’Écosse,
Contre la France durant la guerre de Cent Ans
J’ai aussi migré en Géorgie,
Son nom ne saurait mentir,
Adoptée par le roi Vakhtang Ier, dit Gorgassali
« Tête de loup ».
Les Perses m’étouffèrent,
Puis les Mongols,
Mais je suis revenue
Nimbée de l’aura croisée.
L’Italie du Nord est avec moi
Et la Sardaigne aux têtes de Maure,
Par l’Aragon.
Même les Allemands
De Coblence, de Rhénanie-Palatinat, par l’Archevêché et l'Électorat de Trèves,
De Freiburg im Breisgau, par les Habsbourg…
Et l’Angleterre,
Et Londres, Lincoln, York.
C’est cette même Angleterre
Qui m’a fait aller toujours plus loin
Dans les terres australes à Melbourne et Perth,
Dans le Canada de l’Ontario, du Manitoba, de l’Alberta et du Yukon,
Et même au cœur du Québec
À Montréal.
Et me voici à Montréal donc.
Et me voici tout autant à Calvi,
« Civitas Calvi Semper Fidelis »
Attachée à nouveau à Gênes
D'argent à la croix de gueules,
Vexillum beati Georgii,
Je suis sur tous ces drapeaux.
Je suis la Croix de Saint-Georges.
1 De Olivier -
Tres beau poeme Vincent avec un bon suspense jusqu'a la fin et une histoire que je n'imaginais pas au drapeau anglais...
2 De Vincent -
@Olivier : Merci Olivier. Au-delà des rapprochements entre les couleurs de ces drapeaux, qu'on ne regarde plus vraiment, leur filiation à travers les âges est vraiment une source de surprise. Et c'est aussi se rappeler que ces symboles ont plus de sens que ne veut le reconnaître notre époque blasée, adoratrice de logos et de marques commerciales.