Silence

Bien sûr, une craie sur tableau noir
Ou bien un ongle qui en fait voir
De toutes les couleurs, arrête !
Le couteau qui grince sur l'assiette.

Bien sûr, le gros porc égorgé
Qui nous donne son lard, saigne, et
Toujours présent l'ami Larsen
Se prend pour l'art et tient la scène,

Cochon d'heavy metal hurleur
Concurrence les hauts-parleurs
De la police et ses sirènes,
Les militants, les beaux-parleurs.

Bien sûr, l'invétérée bavarde
Qui cancane comme canarde ;
Sirupeux, le démonstrateur
Ou bien le collant colporteur.

Bien sûr, la harpie stridulante,
La sirène chantant attirante,
La Castafiore en civil
Qui couvre toutes les voix en ville.

Et le klaxon mitrailleur
Qui tient en mire, te pousse ailleurs,
Qui couvre le bruit du dérailleur
Et précède celui du moteur.

Bien sûr, la moto pétarade,
Le custom débridé upgrade
En concurrence du réacteur :
Yo z'y va, man, le rap hurleur.

Si, à cette longue série,
J'ajoute le bébé qui crie,
Vous implorerez ma clémence
En espérant vite le silence !

Mais ce silence n'est délicieux
Que quand il répond à vos vœux
Car dans l'espace, n'oubliez :
On ne vous entend pas crier.

Quand c'est vous qui appelez, osez,
Et que tout votre cœur offrez
Ou quand sans écho dans les cours
Seul, seule, vous hurlez sans retour.

Alors le silence est grinçant,
Hurlant, poignant et déchirant,
Assourdissant, tout en même temps
Désespérant voire insultant.

Et vous pourrez même supporter
Bébé, moto, bruits de boucher.
Irez même jusqu'apprécier
Au tableau, la glaçante craie.

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