Europa en période électorale européenne

En pleine période électorale européenne, je découvre Europa, de Romain Gary, envoutant récit de personnages rêvés les uns par les autres sur fond de pensée de ce qu'est, ou a été, l'Europe.

Erika dans Europa, de Romain Gary

Dis, p'pa, qu'est qu'c'est, l'Europe?

En Angleterre, cela voulait dire : savoir mourir pour ses attitudes. En France : tenir toujours prête une excuse humanitaire. En Allemagne, cela n'a jamais signifié rien d'autre que l'Allemagne. L'Europe, oui... Un certain théâtre de l'esprit, purement gesticulatoire, où le public savait qu'il était joué, mais se délectait néanmoins du spectacle, où la France avait oublié son rôle, mais découvrait un souffleur génial : de Gaulle…

Ou encore :

Ce que l'Europe avait de plus caractéristique, ce en quoi elle se différenciait le plus nettement de l'Amérique et de l'Orient — bien qu'elle ignorât, ou fit semblant d'ignorer cette vérité scandaleuse, jamais avouée, mais dont est née toute la culture occidentale — c'est que, depuis le Moyen Âge, la priorité était donnée secrètement à la beauté. La justice était belle, les idées étaient belles, le sacrifice, l'héroïsme, la conscience, tout.cela était beau... Liberté, égalité, fraternité : l'exaltation dans la recherche de la perfection, du chef-d'œuvre vécu... Naturellement, ce n'était qu'une récitation : il suffisait de bien dire. La mise en pratique exigeait trop de générosité. L'idéalisme européen a été d'abord et par-dessus tout une esthétique.

p. 86

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